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Fidèles ou Libres ?

9 août 2008, 20:34, par Philippe Raynaud

Maintenant, c’est bonsoir,

Fidèles ou libres ? C’est effectivement une question qui me préoccupe. Je m’imagine que tout traducteur doit lui aussi se la poser constamment.

Pour ce qui est de la fidélité, je peux citer un cas réel, et qui justement semble concerner au moins un éditeur.

J’ai découvert sur YouTube le Psalm 23 de Schubert interprété par le Wiener Knaben Chor et, il m’a plu à tel point que j’ai tout de suite voulu le copier.

Par un heureux hasard (disons-le comme ça), je suis tombé sur la reproduction photographique d’un manuscrit de Schubert sur le site de la Wienbibliotek im Rathaus. J’ en ai fait la reproduction.

A l’écoute du midi, et à la réécoute des Wiener Knaben, je me suis rendu compte d’une différence à la mesure 50 : le soprano et le piano chantent un Si bécarre, alors que sur le manuscrit, il s’agit bel et bien d’un Si bémol. Cette erreur (?) est reproduite par les Taipei Choral Singers (je crois que c’est leur nom, toujours sur YouTube) et elle existe aussi dans une des deux versions disponibles sur IMSLP où les Si sont « bécarrés », version de G. Schirmer (New York, 1825). A l’écoute, le Si bémol me semble aller de soi, le Si bécarre paraissant du même coup inutilement sophistiqué.

Donc, voilà un premier point quant à la fidélité, sur lequel, je le crois bien, nous sommes du même avis.

A propos de la citation d’Alfred Brendel : il me semblerait évident, si j’étais musicien, de faire a priori confiance à la partition que j’ai sous les yeux. Je n’oserais délibérément ajouter moi-même aux erreurs possibles des éditeurs.

Mais cette fidélité n’est pas rigidité. Je conçois le respect de l’auteur et de son œuvre comme un point de départ incontournable. C’est sur cette fidélité me semble-t-il que je pourrais faire reposer l’expression de ce que l’œuvre me dit, des émotions qu’elle suscite ou fait resurgir en moi. Ou, pour parler de Schubert, entre autres, de cette sorte de participation (je n’ose dire de communion) spirituelle auquel il semble me convier le plus naturellement du monde. Et je pourrais ajouter bien d’autres choses encore.

Mais je comprends que mon point de vue puisse différer du tien. Tu es au cœur de cet univers, et tu vois ce qui s’y joue bien mieux que je ne le pourrais moi-même.

En fait, je suis perplexe, car je n’aime ni la rigidité des gardiens de l’ordre, ni la soi-disant « popularisation » (vulgarisation) qui consiste pour tel violoniste ou pianiste à faire du joli vendable et chatouillant à partir d’œuvres que l’on peut aimer telles quelles sans pour autant se croire élu.

De ce point de vue, entre le « massacre » d’un enthousiaste et un massacre calculé, il n’y a pas photo, et pas les mêmes sentiments.

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Merci de ta réponse. Philippe.

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