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Amateurs !

4 octobre 2009, 01:21

Votre article est très intéressant.

Si je peux me permettre, à propos des causes de cette séparation factice entre le professionnel et l’amateur, et plus encore à propos de la considération que l’on porte en générale aux artistes, je vous conseillerais de lire La République de Platon. Le livre X et le livre II également, sont autant de réquisitoires plein de morgue envers les artistes de la part de Socrate.

Pourtant, Platon prend soin sauvegarder l’aura en quelque sorte du musicien parce qu’il estimait grandement la musique pour ses vertus spirituelles, médicinales et scientifiques. Cependant, Platon n’aimait pas n’importe quelle musique : il ne jurait que par la musique diatonique. Curieux destin que ce genre diatonique n’est-ce pas ? Exit les genres chromatiques et enharmoniques, jugés efféminés et dégradants.

Mais voilà, le néo platonisme et le temps ont fait leur œuvre. Aujourd’hui, un artiste sera toujours suspect de quelque chose mais on ne sait pas très bien de quoi. Les musiciens n’échappent pas à cette suspicion d’origine socrato-platonicienne.

Nous ne mesurons pas à quel point nos vies sont dirigées, canalisées, enfermées, oblitérées par Platon. Or le projet platonicien ne correspond en rien à notre vision romantique de la république ou bien de la démocratie. Platon ne veut pas d’une culture qui élève le peuple, mais d’une culture qui sert le détenteur du pouvoir quelqu’il soit. D’où le statut ambigu de l’artiste auquel on permet une liberté sous contrôle et à condition qu’il évolue dans les limites qu’on lui fixe.

Par exemple, Platon-Socrate décrète que l’artiste est inutile à la société. Les artisans sont bien plus utiles, sans parler des philosophes qui éduquent les nobles. En fait, tous les problèmes que rencontrent les artistes actuellement, trouvent leur source dans le problème qui taraudait Platon. C’est-à-dire qu’il voyait dans l’éducation artistique des nobles grecs, une menace pour l’éducation philosophique et la survie de la philosophie en générale. Alors, pour défendre son bifsteak, il n’a rien trouver de mieux que de s’en prendre à ces méchants artistes qui risquaient de lui enlever le pain de sa bouche en éloignant les nobles de son Académie.

L’artiste doit être utile, à une maison de disques, à un producteur, à un programmateur, à un manager, à un agent, au ministère de la culture, etc. Son activité artistique doit se justifier sinon il encourt la suspicion. J’emploie le terme de suspicion mais il s’agit de ce fameux mélange d’admiration et de condescendance. Pourquoi ? Parce qu’à l’origine le poète parle aux Dieux. L’artiste côtoie l’irrationnel, le surhumain, le divin. Cela, Platon l’a combattu de toutes ses forces, en hésitant pas à faire appel à la morgue de Socrate le cas échéant. Il nous en reste cette attitude incertaine face à l’artiste. Doit-on le considérer comme un être supérieur ? Oui dans la mesure où il s’exprime différemment des autres, dans la mesure où il accède à un niveau supérieur de communication. Non dans la mesure où il n’apporte rien à la société, dans la mesure où il vit aux dépens de la société qui veut bien lui faire une place, mais juste ce qu’il faut.

Je vous renvoie à la revue de Bernard Lafargue qui me paraît très intéressante à propos de la place de l’artiste dans la société : http://pagesperso-orange.fr/marincazaou/esthetique/fig7/avantproposfig7.html

http://pagesperso-orange.fr/marincazaou/esthetique/fig14/FigArts14.html

Voir en ligne : Figures de l’Art

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